Calculer ses tarifs en auto-entreprise : le guide complet
- Séverine

- 3 juil.
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 29 août

En tant qu'auto-entrepreneur, une question revient inlassablement : "Mes tarifs sont-ils trop élévés ?" , "Pas assez ?" Cette interrogation est au cœur des préoccupations de tout indépendant.
Il est vrai qu'il est facile de s'imaginer qu'un tarif horaire de 50 €, par exemple pour un photographe, représente un revenu conséquent. On s'imagine tout de suite qu'à 400 € sur une journée de 8 heures, ça va faire 8 000 € pour un mois de 20 jours ouvrés, donc un revenu très confortable, même avec quelques frais.
Pourtant, en tant qu'auto-entrepreneure, je peux vous assurer que la réalité est bien différente. Une grande partie de ce chiffre d'affaires n'est pas du bénéfice net.
Ce qu'un tarif horaire doit couvrir : la face cachée du prix
Lorsqu'une personne facture 50 € de l'heure, elle doit en réalité déduire bien plus que ce que l'on imagine. Voici les éléments essentiels à prendre en compte :
Les charges sociales et fiscales : selon le statut de l'auto-entrepreneur, ces charges peuvent représenter entre 25 % et 50 % du chiffre d'affaires (en micro, c'est 25% en gros pour l'URSSAF et pour un peu que la personne soit redevable de la TVA, c'est autant pour la TVA). C'est une part significative qui doit être mise de côté dès le début.
L'investissement et le renouvellement du matériel : pensez à l'ordinateur, l'imprimante, l'appareil photo, les logiciels spécifiques... Ce sont des investissements initiaux qui nécessitent également un budget pour leur renouvellement régulier (par exemple, prévoir qu'un PC dure 5 ans et répartir son coût sur cette période).
Les matières premières et le stock : si votre activité nécessite l'achat de consommables ou la gestion de stock, ces coûts doivent être intégrés.
Les frais annexes incompressibles : assurances professionnelles (RC Pro, prévoyance), mutuelle, honoraires d'un comptable si vous en avez un, frais bancaires liés au compte dédié, abonnements téléphoniques et internet, coûts de publicité et de communication, licences de logiciels... Tous ces éléments s'ajoutent à la liste des dépenses.
Le local professionnel : Si vous disposez d'un espace de travail dédié, le loyer, les charges et l'entretien doivent être intégrés dans vos calculs.
Le temps non facturé : une réalité de l'indépendant
Il est crucial de comprendre qu'une semaine de travail de 40 heures n'équivaut pas à 40 heures facturées. Une part importante de votre temps est consacrée à des tâches non rémunérées directement par un client, comme :
La gestion administrative et la paperasse.
La prospection commerciale et le développement de votre réseau.
La formation continue pour maintenir et développer vos compétences.
La communication et la gestion de vos réseaux sociaux.
Le temps de déplacement ou d'attente entre deux rendez-vous.
On estime généralement que 25 % de votre temps de travail hebdomadaire n'est pas facturable. C'est une réalité à intégrer dans votre calcul.
Anticiper les congés et les périodes creuses
L'une des grandes différences avec le salariat est l'absence de congés payés. Si vous souhaitez prendre, ne serait-ce que 5 semaines de congés par an, vous devez impérativement prévoir une réserve financière. Cette provision vous évitera de vous retrouver sans revenu ou avec un salaire fortement diminué durant vos périodes de repos ou lors des mois où votre activité est naturellement plus faible.
Ainsi, non, une personne facturant 50 € de l'heure est bien loin de gagner réellement 50 € de l'heure. Son revenu net est bien inférieur à ce que l'on pourrait croire.
Méthode de calcul pour un taux horaire juste :
Pour établir un taux horaire réaliste qui vous assure un revenu décent et couvre toutes vos dépenses, suivez cette méthode :
Temps de travail hebdomadaire total : définissez le nombre d'heures que vous comptez consacrer à votre activité par semaine (exemple : 40 heures).
Temps facturable hebdomadaire : déduisez le temps non facturable (25 %).
Exemple : 40 heures - (40 heures * 25 %) = 30 heures facturables par semaine.
Temps facturable annuel : calculez le nombre de semaines travaillées par an (par exemple, 47 semaines si vous prenez 5 semaines de congés).
Exemple : 30 heures/semaine * 47 semaines/an = 1 410 heures facturables par an.
Temps facturable mensuel moyen : ramenez ce total à un nombre d'heures mensuel moyen.
Exemple : 1 410 heures / 12 mois = 117,5 heures facturables par mois.
Calculez tous vos frais :
Frais fixes : loyer (si local), assurances, abonnements (logiciels, téléphone, internet), frais bancaires, honoraires comptables.
Investissements et renouvellement : répartissez le coût des équipements importants (PC, imprimante, appareil photo...) sur leur durée de vie estimée et ajoutez la quote-part mensuelle.
Charges variables/ponctuelles : carburant, fournitures de bureau, communication, formation.
Réserve pour congés et imprévus : prévoyez une somme mensuelle pour couvrir vos congés et les périodes de faible activité.
Définissez votre objectif de revenu net mensuel : combien souhaitez-vous gagner réellement chaque mois ?
Calcul du chiffre d'affaires nécessaire : ajoutez vos frais mensuels (fixes + quote-part investissements + provision congés/imprévus) à votre objectif de revenu net mensuel. Ce total représente le chiffre d'affaires que vous devez générer par mois.
Calcul du taux horaire (ou journalier/forfaitaire) : divisez le chiffre d'affaires mensuel nécessaire par le nombre d'heures facturables par mois.
En utilisant cette méthode, vous pourrez calculer un tarif qui non seulement couvre toutes vos charges et dépenses, mais vous permet également de vous rémunérer correctement et d'anticiper les imprévus. C'est la clé pour une activité durable et sereine.




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